Article •  07.03.2025

Taxes américaines : le sursis accordé aux vins et spiritueux français ne dissipe pas l'inquiétude

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Alors que Donald Trump a suspendu pour trois mois l’application de lourdes taxes sur les vins et spiritueux français, les filières bordelaise et charentaise restent en alerte. L’impact économique, déjà sensible, pourrait devenir catastrophique sans issue rapide aux tensions commerciales.

Après avoir brandi la menace d’une surtaxe de 20 %, Donald Trump a finalement consenti à une trêve de trois mois. Un soulagement en demi-teinte pour les producteurs de Bordeaux et de Cognac, pris en étau entre guerre commerciale et marché en crise.

Un répit sous haute tension

Le 9 avril dernier, la filière française du vin et des spiritueux a retenu son souffle : les produits hexagonaux entrant aux États-Unis devaient se voir appliquer une surtaxe de 20 %. Mais, dans une volte-face spectaculaire, Donald Trump a annoncé une suspension temporaire, limitant l'augmentation à 10 % pour une durée de quatre-vingt-dix jours. Ce sursis, s'il apporte un répit, ne masque pas la menace toujours pesante sur un marché américain qui absorbe à lui seul 25 % des exportations françaises de vins et spiritueux.

Un impact immédiat pour Bordeaux et Cognac

À Bordeaux, les conséquences se font déjà sentir. Les États-Unis représentent près de 435 millions d’euros d’exportations annuelles pour les vins bordelais. Annulations de commandes, ralentissements des expéditions : les premiers signaux d'alerte apparaissent. Côté cognac, la situation est encore plus critique. La filière, qui écoule plus de 98 % de sa production à l’international, voit son principal marché plombé par les taxes américaines… et fragilisé par une surtaxe de 35 % décidée par la Chine. Résultat : dans les Charentes, la baisse des expéditions vers la Chine atteint déjà -53 %, pour une perte évaluée à 60 millions d’euros par mois.

Un secteur déjà fragilisé

La surtaxation intervient dans un contexte tendu : inflation, aléas climatiques, recul de la consommation en France. La viticulture française, déjà à la peine, pourrait subir un nouveau coup dur. Faillites en hausse dans le Bordelais, projets d’arrachage de vignes à grande échelle : l'économie rurale tout entière est sous pression. Au-delà des viticulteurs, ce sont 440 000 emplois directs et indirects qui sont menacés.

L'espoir d'une solution négociée

Face à cette tempête, la filière appelle à la poursuite de négociations équilibrées entre l'Union européenne et les États-Unis. La diversification vers d’autres marchés (Afrique du Sud, Inde) reste une autre option à explorer pour compenser en partie les pertes du marché américain.

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