Après avoir brandi la menace d’une surtaxe de 20 %, Donald Trump a finalement consenti à une trêve de trois mois. Un soulagement en demi-teinte pour les producteurs de Bordeaux et de Cognac, pris en étau entre guerre commerciale et marché en crise.
Le 9 avril dernier, la filière française du vin et des spiritueux a retenu son souffle : les produits hexagonaux entrant aux États-Unis devaient se voir appliquer une surtaxe de 20 %. Mais, dans une volte-face spectaculaire, Donald Trump a annoncé une suspension temporaire, limitant l'augmentation à 10 % pour une durée de quatre-vingt-dix jours. Ce sursis, s'il apporte un répit, ne masque pas la menace toujours pesante sur un marché américain qui absorbe à lui seul 25 % des exportations françaises de vins et spiritueux.
À Bordeaux, les conséquences se font déjà sentir. Les États-Unis représentent près de 435 millions d’euros d’exportations annuelles pour les vins bordelais. Annulations de commandes, ralentissements des expéditions : les premiers signaux d'alerte apparaissent. Côté cognac, la situation est encore plus critique. La filière, qui écoule plus de 98 % de sa production à l’international, voit son principal marché plombé par les taxes américaines… et fragilisé par une surtaxe de 35 % décidée par la Chine. Résultat : dans les Charentes, la baisse des expéditions vers la Chine atteint déjà -53 %, pour une perte évaluée à 60 millions d’euros par mois.
La surtaxation intervient dans un contexte tendu : inflation, aléas climatiques, recul de la consommation en France. La viticulture française, déjà à la peine, pourrait subir un nouveau coup dur. Faillites en hausse dans le Bordelais, projets d’arrachage de vignes à grande échelle : l'économie rurale tout entière est sous pression. Au-delà des viticulteurs, ce sont 440 000 emplois directs et indirects qui sont menacés.
Face à cette tempête, la filière appelle à la poursuite de négociations équilibrées entre l'Union européenne et les États-Unis. La diversification vers d’autres marchés (Afrique du Sud, Inde) reste une autre option à explorer pour compenser en partie les pertes du marché américain.