Toujours plus rapides et plus nombreux, les insectes ravageurs s’adaptent vite. Pour ne pas être dépassé, le vignoble aussi doit évoluer. Les vers de grappe, en particulier Eudémis (Lobesia botrana), restent les principaux ennemis des vendanges. Leurs attaques causent à la fois des pertes de rendement en détruisant directement les grains et des dégradations qualitatives. La prolifération de micro-organismes pathogènes comme Aspergillus carbonarius, producteur d’ochratoxine A, ou la modification des équilibres œnologiques (TAV, acidité volatile, acidité citrique) affectent la qualité des moûts et des vins.
Sous l’effet du réchauffement, les ravageurs gagnent du terrain. Eudémis pourrait se déplacer de 1300 km vers le nord d’ici 2055, selon les projections. Dans le même temps, son cycle biologique s’accélère : les adultes émergent 13 jours plus tôt en moyenne, avec l’apparition d’une 4ᵉ génération dans certaines régions. Cryptoblabes gnidiella, plus thermophile, étend aussi son aire, rendant les infestations plus complexes à maîtriser.
Face à ces changements, la première ligne de défense reste la surveillance : piégeage (phéromones ou attractifs alimentaires) et identification précise des espèces sont indispensables pour adapter les interventions. La complémentarité des outils de lutte comme la confusion sexuelle, les insecticides sélectifs ou la gestion des auxiliaires, permet de limiter les dégâts tout en préservant l’équilibre biologique du vignoble.
La lutte intégrée repose sur la diversification des méthodes et la compatibilité des solutions. L’exemple du produit Fycilia, à base de spinosad d’origine naturelle, illustre cette approche. À la fois efficace sur toutes les espèces de vers de grappe (y compris Cryptoblabes), compatible avec la confusion sexuelle et autorisé en bio, il s’inscrit dans une démarche de protection raisonnée et durable.
Les ravageurs de la vigne évoluent et le climat accélère leurs dynamiques. Pour continuer à garantir des vendanges de qualité, il va falloir conjuguer observation, réactivité et innovation. Car s’ils s’adaptent, nous le devons aussi.
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