La Stratégie nationale bas-carbone version 3 (SNBC 3) fixe un cap ambitieux pour la France : atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, tout en réduisant de moitié ses émissions de gaz à effet de serre dès 2030. Tous les secteurs sont concernés, agriculture comprise, dans un effort collectif inédit.
La SNBC 3 actualise les engagements climatiques de la France : les émissions brutes de gaz à effet de serre devront être divisées par deux d’ici 2030, par rapport à leur niveau de 1990. Cela signifie une baisse de 126 millions de tonnes de CO₂ en huit ans. Cette accélération est en cohérence avec les objectifs européens du paquet « Fit for 55 ». À terme, l’objectif reste inchangé : atteindre la neutralité carbone en 2050.
Pour piloter cette trajectoire, des budgets carbone quinquennaux sont définis. Le plafond pour 2024-2028 est fixé à 333 Mt CO₂eq (hors secteur des terres), puis tombera à 255 Mt CO₂eq sur 2029-2033. Ces plafonds sont également ventilés par secteur, ce qui implique une planification fine des efforts à fournir par l’agriculture, l’énergie, le transport ou encore le bâtiment.
La SNBC 3 repose sur plusieurs leviers majeurs : sobriété, efficacité énergétique, sortie progressive des énergies fossiles, développement du nucléaire et des renouvelables, électrification des usages, mobilité plus légère et partagée. L’agriculture est appelée à réduire ses émissions non énergétiques (notamment le protoxyde d’azote et le méthane), tout en renforçant le rôle des puits de carbone naturels (sols, couverts de cultures intermédiaires, haies, prairies, forêts).
Pour la première fois, la stratégie prend aussi en compte les émissions liées aux importations. Objectif : réduire l’empreinte carbone totale de la France, pas seulement ce qui est émis sur son territoire. Cela implique un regard accru sur la provenance des produits agricoles et des intrants.
Avec la SNBC 3, l’État pose les bases d’une transformation profonde des modes de production et de consommation. Pour les agriculteurs, cela se traduira par des évolutions à anticiper dans les pratiques, les filières et les politiques publiques.