Solution Instinct : l’Ensaia explore ses effets du sol jusqu’au champ
Un problème est survenu, je reassaye plus tard
Pour mieux comprendre comment optimiser la valorisation des digestats de méthanisation, le Laboratoire Agronomie et Environnement de l’Université de Lorraine (Ensaia) a conduit un ensemble d’expérimentations multi-échelles sur la solution Instinct (nitrapyrine – Optinyte technology). Objectif : mesurer son impact sur le fonctionnement du sol, la croissance du maïs fourrage et les performances agronomiques en conditions réelles. Trois protocoles ont été mis en place : d’abord à l’échelle du sol, puis à celle de la plante entière et enfin à celle du terrain, avec des essais au champ à la Ferme de la Bouzule (Laneuvelotte, 54).
Comprendre l’effet sur le fonctionnement du sol
Le premier volet a consisté en un suivi fin du sol, en conditions contrôlées dans des dispositifs expérimentaux sous forme de sol en bocaux. Plusieurs modalités ont été comparées : digestat seul, digestat + Instinct, Instinct seul et témoin. Les chercheurs ont mesuré la biomasse microbienne, le carbone soluble, l’azote minéral ainsi que plusieurs activités enzymatiques clés de la minéralisation de la matière organique. Verdict : l’ajout d’Instinct au digestat n’a pas modifié les variables microbiennes suivies. L’inhibiteur agit sur la nitrification sans perturber les autres fonctions biologiques du sol. Un point fondamental pour sécuriser son utilisation sur le long terme.
Un bénéfice net pour la croissance du maïs
Le deuxième protocole a évalué la réponse de la plante dans un phytotron, une serre où la quantité de lumière, d’eau et d’oxygène sont paramétrées. Le maïs a été cultivé en tubes de sol complété de sable afin de mesurer précisément la croissance aérienne et racinaire. Les résultats sont nets : l’association digestat + Instinct augmente la biomasse des parties aériennes par rapport au témoin, et stimule la longueur racinaire par rapport au digestat seul ou à l’urée. En d’autres termes, l’azote organique est mieux mobilisé et utilisé par la culture grâce à la réduction de la nitrification. Le maïs bénéficie d’une disponibilité en ammonium plus stable dans le temps au début de son cycle de croissance où cette forme est mieux valorisée, qui se traduit par un développement végétatif amélioré et équilibré entre parties aériennes et racinaires.
Validation au champ : vers une meilleure valorisation du digestat
La troisième expérimentation a été menée au champ à la Ferme de la Bouzule, sur trois campagnes (2023 à 2025). Le digestat bovin y est appliqué dans des conditions réelles d’exploitation, à l’aide d’un système appelé Nitratop permettant d’incorporer Instinct directement dans la tonne à lisier. Les premiers résultats montrent une tendance positive : gain de rendement en matière sèche et hausse du taux d’amidon de l’ensilage lorsque le digestat est associé à Instinct. Dans plusieurs cas, cette modalité dépasse même la référence fertilisation minérale. Si l’interprétation de l’azote au sol reste complexe – notamment en raison des fortes teneurs en N total – l’amélioration de la valorisation agronomique apparaît claire.
Un levier pour sécuriser et optimiser l’azote du digestat
Ces travaux apportent une vision cohérente : Instinct ne perturbe pas les communautés microbiennes non ciblées, améliore l’efficience d’utilisation de l’azote par le maïs et permet une meilleure performance au champ. Dans un contexte de recherche de solutions pour limiter les pertes d’azote et renforcer la valeur agronomique des effluents, l’association digestat + inhibiteur de nitrification constitue une voie prometteuse, à confirmer sur une diversité de contextes pédoclimatiques.
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