Entre canicules, sécheresse persistante et fortes amplitudes régionales, la campagne 2025 de maïs ensilage aura mis les nerfs des éleveurs à rude épreuve. Si la qualité finale reste globalement satisfaisante, les rendements s’annoncent en retrait, avec des écarts marqués selon les conditions locales.
Troisième été le plus chaud jamais enregistré après 2003 et 2022, 2025 aura une nouvelle fois rappelé à quel point le maïs ensilage reste tributaire de l’eau au moment clé de la floraison. Dans certaines régions, les températures extrêmes de fin juin et début août ont coïncidé avec cette phase critique, entraînant des problèmes de fécondation et des épis partiellement ou totalement absents.
Avec un déficit de pluie d’environ 30 % en juin et des sols durablement secs, les maïs ont souffert d’un stress hydrique marqué. Le gabarit moyen s’en ressent : des plantes plus courtes, mais avec un rapport épi/plante plus élevé. Selon les zones, la floraison s’est déroulée soit pendant la canicule de fin juin, soit entre les deux épisodes caniculaires, avec des conséquences très variables.
Dans les secteurs à faible réserve utile, les fécondations ont été perturbées, entraînant parfois l’absence d’épi. Ailleurs, lorsque la fécondation a eu lieu mais que le stress s’est poursuivi, c’est le remplissage des grains qui a été compromis, avec des avortements dans la partie supérieure de l’épi.
Les rendements en maïs fourrage sont globalement en baisse, mais la situation doit être nuancée. Dans le Nord, la Normandie et le nord de la Bretagne, où les réserves hydriques sont importantes et ont été mieux pourvues en eau, on observe même des records de rendement. En revanche, dans le Centre et les Pays de la Loire, les déficits pluviométriques et la faible réserve utile des sols ont pesé lourdement sur la production.
Selon les analyses Eurofins, la qualité des ensilages 2025 est jugée bonne : taux d’amidon correct et fibres plus digestibles (DNDF). Les conditions sèches de début de cycle ont en effet favorisé la constitution de parois végétales de bonne qualité. Dans les parcelles où la fécondation s’est bien déroulée, la teneur en amidon est bonne, offrant une teneur énergétique très satisfaisante.
Cette campagne confirme l’importance de semis précoces dès que les conditions le permettent, pour éviter les pics de chaleur à la floraison : ces pics restent difficiles à anticiper mais ils sont globalement très fréquents en juillet. Elle rappelle aussi la nécessité de raisonner l’assolement : éviter de placer un maïs ensilage après une fauche d’herbe, qui épuise la réserve en eau et en nutriments du sol.
Enfin, si le potentiel de récolte semble limité, ajuster la densité de semis peut sécuriser la programmation du grain et préserver la pérennité du maïs ensilage, surtout avec des variétés dentées. Pour viser 10 à 12 t MS/ha, inutile de surcharger le peuplement : mieux vaut des plantes bien fécondées que des plantes trop serrées et qui risquent de se dessécher plus vite.
Malgré les soubresauts climatiques, le maïs ensilage 2025 montre une résilience remarquable. Si les volumes ne sont pas toujours au rendez-vous, la qualité nutritive demeure un atout majeur pour la ration hivernale. Une campagne d’autant plus riche d’enseignements pour adapter les itinéraires techniques aux étés de demain.