Article •  28.07.2025

Charbon commun du maïs : un risque accru après les orages de grêle

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Charbon commun du maïs : un risque accru après les orages de grêle

Les épisodes de grêle qui ont frappé certaines régions ces dernières semaines ont parfois causé des dégâts importants sur les cultures de maïs. Outre les pertes directes, ces blessures peuvent favoriser l’apparition du charbon commun, une maladie fongique dont l’impact, s’il reste limité sur le rendement, peut dégrader la qualité du fourrage.

En situation de stress et de blessures mécaniques, les plantes de maïs deviennent plus vulnérables aux pathogènes. Le charbon commun, provoqué par Ustilago maydis, est l’un des risques sanitaires à prendre en compte après un épisode de grêle.

Le charbon du maïs est reconnaissable à ses spores noires.

Un champignon opportuniste, favorisé par les blessures

Lorsque la grêle frappe des parcelles de maïs, les impacts sur les feuilles, les tiges et les épis peuvent être importants. Plus la culture est avancée au moment des faits, plus les conséquences agronomiques sont lourdes, jusqu’à l’abandon éventuel de la parcelle si le méristème est atteint. En plus des pertes directes, ces blessures constituent une porte d’entrée pour des champignons pathogènes, notamment le charbon commun.

Deux types de charbon peuvent affecter le maïs : le charbon commun, dû à Ustilago maydis (ou Ustilago zeae), et le charbon de tête, provoqué par Sphacelotheca reiliana. Ces champignons pathogènes peuvent infecter tous les organes de la plante (feuilles, tige, épi) en pénétrant par des plaies, notamment celles causées par la grêle, les fortes pluies ou encore certains herbicides. Ils forment alors des excroissances caractéristiques appelées « galettes de charbon », remplies d’une poudre noire composée de spores.

Le champignon peut également s’introduire par les soies du maïs, entraînant la formation de galettes à l’extrémité des épis. Ces structures privent les grains voisins de nutriments, ce qui limite leur développement. Si l’impact sur le rendement global reste modéré, la perte de grains sur les plantes atteintes peut être significative.

Présent dans les débris de culture ou dans le sol, le champignon survit d’une campagne à l’autre. Il est d’autant plus actif que le sol est riche en azote, notamment après un apport de fumier. Maintenir une fertilité équilibrée du sol constitue donc un levier important pour limiter les risques d’infection.

Pas de toxicité, mais une qualité alimentaire réduite

L’ensilage de maïs atteint par le charbon peut présenter un aspect peu engageant, mais il n’existe à ce jour aucune mycotoxine connue associée à ce champignon. Toutefois, la présence de charbon sur la plante n’exclut pas d’éventuelles contaminations par d’autres champignons potentiellement toxinogènes.

Les études disponibles, notamment sur les ovins, n’ont pas mis en évidence d’impact négatif du charbon sur l’appétence. Dans certaines situations, les animaux ne montrent même aucune réticence particulière à consommer ces fourrages. En revanche, lorsque le champignon se développe sur les épis, il peut réduire la teneur en amidon, affectant ainsi la valeur énergétique du maïs.

Aucune méthode de lutte curative n’est disponible à ce jour : aucun produit fongicide n’est homologué, et les traitements existants n’offrent pas d’efficacité satisfaisante. La prévention repose donc sur une gestion agronomique adaptée, notamment l’évaluation rapide des dégâts après la grêle, le suivi sanitaire et l’adaptation des pratiques culturales.

Adapter les décisions à l’état de la culture

Après un orage de grêle, il est recommandé d’attendre quelques jours avant d’évaluer l’état réel de la culture. Une plante capable de redémarrer présentera de jeunes feuilles vertes, malgré la présence de feuilles anciennes déchiquetées. Si le méristème est intact, une reprise est possible. À l’inverse, l’absence de feuillage vivant signe la destruction complète de la plante.

Des tableaux d’estimation des pertes selon le stade de la culture et l’intensité des dégâts peuvent aider à prendre les bonnes décisions : biner, ajuster les apports, récolter précocement ou, dans les cas extrêmes, envisager un resemis ou un abandon.

Le charbon commun du maïs reste une maladie secondaire, mais sa fréquence peut augmenter en contexte de stress climatique. Une surveillance attentive et une bonne évaluation des dégâts post-grêle restent les meilleurs moyens de limiter ses effets sur la récolte.

Le saviez-vous ?: le charbon du maïs est appelé huitlacoche au Mexique. Considéré comme une truffe, son goût boisé avec une note piquante et fumée fait partie intégrante de la gastronomie.

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