Une étude expérimentale ouvre des pistes prometteuses pour réduire les émissions de méthane entériques, en adaptant l’alimentation des vaches. Une nouvelle variété de maïs ensilage à plus forte teneur en amidon a été testée, sans impact sur les performances zootechniques.
Et si adapter l’alimentation des vaches laitières pouvait réduire leur empreinte carbone ? Réduire l’impact climatique de l’élevage laitier est un défi central pour la filière. Parmi les leviers mobilisables, l’alimentation du troupeau joue un rôle clé. C’est dans cette optique que l’entreprise Pioneer a développé un hybride de maïs ensilage dit « double hybride denté farineux », le P8888, récoltable avec plus de souplesse que les variétés corné-dent classiques. Son objectif : produire plus d’energie digestible par hectare, et ainsi optimiser la ration des vaches.
Cultivé dans les mêmes conditions sur la ferme expérimentale de Grignon, le maïs ensilage P8888 a permis un gain de rendement de 1,1 à 2 tMS/ha par rapport au témoin, avec une teneur en MS de 41,5 % contre 36,6 %. Une expérimentation sur 2 groupes homogenes de 60 vaches Hostein ont permis la mesure de la performance laitière et 12 vaches equipées de dispositifs spécifiques pour la musure du methane entérique a ensuite permis de comparer deux rations identiques à l’exception du maïs utilisé. Résultat : avec l’hybride denté, les émissions de méthane ont diminué de 6 %, sans impact sur la production ni la qualité du lait.
En modélisant ces résultats à l’échelle de l’exploitation avec l’outil PerfAgroP3, les chercheurs ont estimé une baisse de 2,4 à 2,6 % de l’empreinte carbone du lait (de 1,058 à 1,031 kg CO₂e/l), principalement due à la réduction du méthane entérique (78 % de l’effet) et au gain de rendement (22 %).
Si la réduction reste modeste, elle montre qu’une évolution ciblée de l’alimentation peut contribuer concrètement à la décarbonation des élevages. Une piste accessible, à approfondir dans de futures recherches.