Sur l’exploitation de 130 ha qu’il cultive avec son père, Marc Ponroy s’est lancé dans l’agriculture de conservation des sols (ACS), pour réduire les intrants, stocker du carbone et accroître la vie du sol. Il avance étape par étape.
A vingt-quatre ans, débordant d’enthousiasme, Marc Ponroy a rejoint son père sur l’exploitation de grandes cultures qu’ils cultivent à Blonville-sur-Mer, dans le Calvados. « Mon père a démarré le non labour, en 2012, sur les conseils de plusieurs amis qui avaient commencé à s’y intéresser, explique le jeune agriculteur. Dans un premier temps, il avait surtout pour objectif de gagner du temps et d’économiser du carburant ». Et finalement, il s’est rapidement rendu compte qu’il polluait moins, et que des vers de terre, des champignons revenaient en quantité impressionnante dans ses parcelles.
« Depuis que je suis revenu sur la ferme en 2019, nous cherchons à tendre vers l’agriculture de conservation des sols, c’est-à-dire la suppression totale du travail du sol, indique-t-il. Je dis « tendre » parce que nous n’y sommes pas encore ». Il a ajouté le colza dans la rotation qui comprenait déjà du blé, du maïs, de l’orge et des féveroles, et assure une couverture permanente de ses sols. « Le facteur limitant de l’ACS est le montant de l’investissement dans le matériel, reconnaît Marc Ponroy. Investir dans un semoir de semis direct, ça revient très cher ». Pour le moment, il utilise un semoir Sulky MaxiDrill, équipé à l’avant de disques déchaumeurs. Il lui arrive aussi de semer après un travail superficiel sur 10 cm avec un déchaumeur à dents fines, sans bousculer le sol.
Avant le maïs, il implante un couvert à base de phacélie, vesce, féverole et radis chinois, pour capter azote et carbone. « Devant les féveroles, je supprime les légumineuses des couverts, avec un mélange moutarde, radis chinois, avoine rude par exemple, pour que les nodosités de la féverole se développent. Si on laisse trop d’azote dans le sol, elles ne feront pas le travail, et ne profiteront pas à la culture ».
Après dix ans en non labour, les deux agriculteurs ont constaté des résultats très positifs sur la fertilité de leurs sols. « La terre n’est plus compactée, nous avons beaucoup de vers de terre dans le sol, nous avons aussi vu les populations de carabes et autres auxiliaires fortement augmenter, souligne l’agriculteur normand. Nous avons supprimé les insecticides et utilisons moins de fongicides ». Le désherbage est par contre plus complexe à gérer. « Dans les parcelles de blé, j’interviens uniquement à l’automne, en deux passages, juste après le semis avec un produit de post-semis prélevée, et au stade deux feuilles de la céréale avec un mélange, précise-t-il. Je veille à utiliser plusieurs matières actives dans le programme pour éviter les risques d’apparition de résistances. J’utilise les produits à une dose correcte, ce qui me permet ainsi de bien contrôler les ray-grass ». L’étape suivante pour Marc Ponroy, est de passer au semis direct sans travail du sol sur l’ensemble de ses parcelles. « Pour que dans cinquante ans, nos sols produisent encore mieux qu’aujourd’hui ».