Article •  10.05.2023

La production s’annonce correcte, mais avec des cours en baisse

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La production s’annonce correcte, mais avec des cours en baisse

Depuis le pic qu’ils ont enregistré en avril 2022, les cours du colza sont en recul. Productions record dans plusieurs pays producteurs, afflux de graines ukrainiennes sur le marché européen, cours des autres oléagineux et du pétrole en retrait… plusieurs raisons expliquent ce repli. En France, la production devrait à nouveau augmenter en 2023 avec des surfaces en hausse de 9 %, et des récoltes qui devraient être satisfaisantes. 

Les cours du colza ne sont malheureusement pas au beau fixe depuis plusieurs mois. Par rapport à il y a un an, ils suivent une dynamique complètement opposée et le colza vient encore de terminer le mois d’avril à la baisse. « Sur Euronext, il a perdu 32,25 €/tonne sur ce seul mois », constate Agritel. Le 25 avril 2023, les cours du colza s’affichaient à 455,75 €/t sur Euronext alors qu’ils avaient atteint 816,25 €/t un an plus tôt le 25 avril 2022, au plus haut après la déclaration de guerre de la Russie à l’Ukraine. Pour la récolte 2023, les cours au 25 avril n’étaient guère plus élevés, 458 €/t sur l’échéance novembre. 

Une production mondiale record

Qu’est-ce qui explique un tel repli des cours ? Essentiellement, une production record enregistrée en 2022-2023 en Russie, dans l’Union européenne, en Australie, aux États-Unis, en Uruguay, en Chine et en Inde. La hausse de la surface mondiale de colza, associée à un bon développement des cultures, a entraîné, pour la campagne 2022-2023, une augmentation de la production qui devrait atteindre selon FranceAgrimer, le record de 87,2 millions de tonnes (Mt), soit + 17 % par rapport à la campagne 2021-2022. Les stocks mondiaux de graines, au 30 juin 2023, devraient se situer à 6,2 Mt contre 4,1 Mt un an plus tôt, soit une augmentation de 50 %. Dans l’Union européenne, la production de colza a grimpé de 15 % à 19,6 Mt en 2022, contre 17 Mt en 2021. Quant à la production française, elle a fait un bond de 36 % par rapport à 2021, à 4,5 Mt.

Des surfaces en hausse en France 

Les prévisions pour la récolte 2023 s’annoncent également bonnes dans l’Hexagone. Agreste estime que les surfaces progressent à nouveau à 1,344 million d’hectares contre 1,227 Mha en 2022, soit une progression de + 9 % sur un an, de + 37 % par rapport à la récolte 2021, et de + 11 % par rapport à la moyenne 2018-2022. Ce rebond des emblavements et des conditions climatiques plutôt favorables à la culture ont aussi contribué au repli des cours. La production européenne pour la récolte 2023 devrait également être très bonne, avec 20 millions de tonnes attendues.  

Soja et tournesol pèsent également 

Autre élément qui pèse sur les cours du colza, ceux des autres oléagineux, soja et tournesol notamment. La production mondiale de soja, par exemple, atteint cette année (2022-2023), le niveau record de 383 Mt pour une consommation de 376 Mt. Le stock mondial de graines augmente donc à 102 Mt, deuxième niveau le plus élevé après les 114 Mt de 2018. C’est surtout au Brésil que la production a atteint des records.

Les perspectives de semis de soja en 2023 aux États-Unis sont aussi très favorables. « Ailleurs dans le monde, les perspectives d’offres en soja sont aussi très encourageantes, reconnaît Tallage. Au Canada, les intentions de semis pourraient augmenter d’environ 4,5 % sur un an. Les surfaces en Afrique du Sud pourraient bondir de 18 % par rapport à la campagne précédente. Par ailleurs, la production brésilienne est toujours attendue à un niveau record, dépassant les 151 Mt. » Ce qui devrait permettre de compenser la production catastrophique liée à la sécheresse en Argentine.
Ces derniers mois, les cours des graines oléagineuses ont aussi été entraînés à la baisse par ceux des prix du pétrole.  

La pression de l’Ukraine 

En Europe, depuis juin 2022, les autorités ont aussi supprimé les barrières douanières sur les importations en provenance d’Ukraine pour soutenir son effort de guerre contre la Russie. Cette décision a provoqué l’arrivée massive de produits agricoles ukrainiens sur les marchés d’Europe centrale et de l’est, en particulier de blé, mais aussi d’oléagineux, ce qui n’a pas été sans effet sur les cours du colza.

Les restrictions de cinq pays européens, Pologne, Hongrie, Bulgarie, Roumanie et Slovaquie, aux importations d'origine ukrainienne décidées à la mi-avril, ont entraîné un léger sursaut des prix du colza, mais qui n’a pas duré. Cette décision n’a pas réussi à stopper la dégradation des cours. La Commission européenne a alors annoncé une première enveloppe de 56,3 millions € (M€) destinée aux producteurs de certains de ses pays, suivie d’une deuxième tranche de 100 M€ le 25 avril, qui n’ont pas suffi à calmer les agriculteurs. La Commission a finalement conclu le 28 avril, un accord de principe avec ces cinq pays, pour instaurer à partir du 5 juin, une clause de sauvegarde qui autorise uniquement le transit sur leur territoire, de céréales, maïs et blé, et d’oléagineux, colza et semences de tournesol. 

 

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