Pluriannuel, tenace et capable de se propager aussi bien par ses graines que par ses racines, le rumex est une adventice emblématique des prairies… mais pas seulement. Sa maîtrise demande une stratégie rigoureuse, car une fois installé, il devient très difficile à éradiquer. Heureusement, des leviers existent pour éviter qu’il ne prenne le dessus.
Le rumex, qu’il soit à feuilles obtuses ou crépues, est à la fois prolifique et coriace. Chaque plant peut produire des milliers de graines viables très rapidement après floraison, capables de germer presque toute l’année. Côté racines, la plante se multiplie aussi de manière végétative : un simple morceau de racine peut redonner naissance à un nouveau plant. C’est ce qui en fait un redoutable adversaire à long terme.
La lutte contre les rumex commence dès les premiers signes. Il est essentiel d’éviter les zones dénudées dans les prairies, où les rumex s’installent volontiers. Pour limiter leur apparition : semis de fin d’été pour un bon couvert, fauche avant grenaison, éviter le surpâturage et les pâtures en sol humide. En bordure de parcelle, un broyage précoce avant la montée en graine est une arme simple mais efficace.
Sur rumex de souche, l’intervention au stade dit « cigare » (dernière feuille enroulée dans la hampe) est la plus efficace. Sur rumex issus de graines, de nombreux herbicides antidicotylédones sont performants. Côté mécanique, la herse étrille ou la bineuse fonctionnent bien sur les jeunes plants. En revanche, sur des souches, il faudra répéter les passages pour affaiblir durablement la plante.
Le moment du traitement dépend à la fois de la phase de sensibilité des adventices à cibler et de la capacité de la prairie à se régénérer pour occuper les vides laissés par les plantes détruites. Les périodes les plus propices se situent au printemps, dès la reprise de végétation, ou, de manière encore plus efficace, à la fin de l’été, une dizaine de jours après une fauche ou un pâturage. À la sortie de l’hiver, les rumex sont généralement peu développés, avec des feuilles endommagées ou nécrosées par le gel, ce qui limite l’efficacité des applications. De plus, les basses températures entravent la migration de la matière active des feuilles vers les organes souterrains.
Certaines pratiques favorisent l’implantation des rumex, comme le travail du sol réduit, les passages rares d’outils ou encore le non-labour. De même, une prairie temporaire mal exploitée, trop pâturée ou pâturée sous la pluie, offre un boulevard à cette adventice. L’attention portée à ces détails fait souvent toute la différence entre une parcelle maîtrisée et infestée.
Avec le rumex, pas de solution miracle : seule une vigilance de tous les instants permet d’éviter qu’il ne prenne racine… pour de bon.