Limiter la dérive et le ruissellement des produits phytosanitaires vers les milieux aquatiques est une exigence à la fois réglementaire et environnementale. Entre Zones Non Traitées (ZNT) et Dispositifs Végétalisés Permanents (DVP), les agriculteurs disposent de solutions concrètes pour allier efficacité des traitements et protection de l’eau.
La dérive est un processus dynamique influencé par de nombreux facteurs comme les conditions météorologiques ( vitesse du vent, température, hygrométrie …) mais aussi la technique d’application ( taille des gouttes, hauteur de rampe …) et le réglage du pulvérisateur.
Les Zones Non Traitées (ZNT) issues de l’arrêté du 4 mai 2017, visent à prévenir ces transferts par dérive de pulvérisation. Ce sont des bandes, en bordure de points d’eau, où l’application de produits phytosanitaires est interdite. Leur largeur – distance entre la limite de pulvérisation et la limite du lit mineur du cours d’eau - varie selon les produits : 5, 20, 50 ou 100 mètres, comme précisé sur l’étiquette (mention Spe 3).
Les cours d’eau concernés sont ceux retenus par arrêté pris par le préfet de chaque département ou en absence de liste : les cours d’eau, plans d’eau, fossés et points d’eau permanents ou intermittents figurant en trait bleu plein ou pointillé, des carte IGN 1/25000.
Les DVP jouent un rôle complémentaire aux ZNT. Ces bandes enherbées ( de type herbacé ou arbustif ) évitent les transferts de produits par ruissellement. Elles favorisent l’infiltration de l’eau et retiennent les particules de sol et les résidus de produits.
Elles doivent être permanentes et larges d’au moins 5 mètres, voire de 20 mètres en fonction de la décision d’homologation. Elles sont adaptées au type de culture : arbustive et d’une hauteur au moins égale à celle de la culture pour les cultures hautes, ou herbacée (éventuellement partiellement arbustive) pour les autres, la culture en place ne pouvant pas tenir lieu de DVP.
Pour réduire une ZNT de 20 ou 50 mètres à 5 mètres, trois conditions doivent être réunies simultanément. Tout d’abord, implanter un DVP conforme d’au moins 5 m sur toute la bordure concernée et surtout utiliser un matériel homologué anti-dérive (buses ou panneaux récupérateurs certifiés ) assurant une réduction d’au moins 66 % de la dérive. Il faut enfin enregistrer toutes les applications effectuées sur la parcelle.
Ces conditions sont strictement vérifiées lors des contrôles. Le Ministère de l’Agriculture publie des mises à jour des matériels d’applications autorisés pour réduire la dérive. Une nouvelle liste a été publiée le 17.10.25 .
A noter, les ZNT de 100 m et les DVP ne sont pas réductibles.
La mise en œuvre conjointe des ZNT et DVP permet de réduire les transferts de pesticides, de protéger les organismes aquatiques et de contribuer aux objectifs du plan Écophyto 2030.
Ces aménagements, au-delà de leur dimension réglementaire, participent à l’amélioration de la biodiversité locale et à la valorisation environnementale des exploitations.
Ces dispositifs s’inscrivent pleinement dans la dynamique de transition agroécologique : ils traduisent, sur le terrain, la volonté d’une agriculture qui conjugue productivité, sécurité et respect de l’eau.