Article •  05.10.2021

Contre les insectes du colza, combiner tous les leviers

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Contre les insectes du colza, combiner tous les leviers

La lutte contre les ravageurs du colza est probablement l’étape de l’itinéraire cultural la plus difficile à maîtriser. Pour mettre tous les atouts de son côté, il est nécessaire de la raisonner dès l’implantation de la culture.

Altises et charançons du bourgeon terminal à l’automne, charançons de la tige et méligèthes au printemps, les attaques d’insectes ou de leurs larves peuvent être très préjudiciables au colza. Les larves de grosses altises et de charançons du bourgeon terminal par exemple peuvent engendrer des pertes de rendement de plus de 50 %, voire mettre en péril la culture. Les attaques de méligèthes avant la floraison peuvent également compromettre une grande partie du potentiel du colza.

Si les attaques d’insectes à l’automne concernaient surtout l’est de la France il y a quelques années, petit-à-petit, elles se sont étendues aux autres régions de culture du colza. Et la lutte est d’autant plus compliquée que des résistances sont apparues.

Un semis précoce

Ce sont surtout les larves qui sont préjudiciables à la culture. Après le stade 4 feuilles du colza, les petites ou grosses altises adultes ne provoquent plus de dégâts par prélèvement. « Pour se prémunir contre les altises adultes, un semis précoce et une levée rapide permettent à la culture d’atteindre le stade 4 feuilles avant l’arrivée des altises dans la parcelle, vers le 20 septembre, explique Céline Robert, spécialiste des ravageurs chez Terres Inovia. Le colza doit ensuite avoir une croissance dynamique et continue pour gêner la progression des larves vers le cœur des plantes et ainsi limiter leur nuisibilité. Pour y parvenir, il faut une levée précoce et homogène, un pivot bien développé et une nutrition en azote et phosphore optimale à l’automne. Lorsque la disponibilité en azote ou phosphore du sol est faible, des apports sont conseillés sous la forme d’engrais localisé ou de fumure organique. » Pour qu’il puisse faire face aux attaques de ravageurs, le colza doit atteindre 800 grammes/m2 au 10 octobre, avec une densité de 25 à 30 pieds/m2 et 1,2 à 1,5 kg au 1er décembre. 

Le choix d’une variété à bonne vigueur au départ

« Le choix de variétés avec une vigueur au départ plus élevée peut aussi être intéressant, souligne Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation variétale chez Terres Inovia. Nous les testons les variétés de colza sur ce critère depuis trois ans. Il existe depuis quelques années, des variétés résistantes au virus TuYV véhiculé par les pucerons. On utilise aussi des mélanges variétaux avec une variété très précoce, notamment ES Alicia, qui attire les méligèthes et diminue la pression dans le reste de la culture. Depuis peu, nous avons également noté des différences de comportement face aux larves d’altises et de charançons du bourgeon terminal. Certaines sont moins sensibles aux attaques que d’autres. »

Le rôle des plantes compagnes

« Les associations au semis de colza avec une légumineuse ont aussi montré leur intérêt pour réduire la pression des insectes à l’automne, précise Céline Robert. Il n’y a pas besoin d’une présence très importante de plantes compagnes, il suffit de 200 à 300 grammes/m2 répartis de façon régulière pour voir un effet. »  Rouler le colza après le semis peut également présenter un intérêt, notamment dans les sols argileux. Le passage de rouleau réduit les cavités et donc le nombre d’abris où peuvent se loger les insectes adultes.  

Une nouvelle grille de risque

Il sera ensuite nécessaire de surveiller attentivement les parcelles à l’automne et pendant l’hiver si les températures restent douces et d’intervenir avec un ou plusieurs insecticides si nécessaire. Terres Inovia a construit une nouvelle grille de risque contre les altises qui sera disponible sous forme d’OAD à partir du 7 octobre 2021.

Attention aux résistances

« Des résistances aux pyréthrinoïdes, notamment chez les grosses altises, rendent parfois totalement inefficace l’application d’insecticides, prévient Laurent Ruck, responsable insectes et ravageurs chez Terres Inovia. C’est notamment ce qui se passe en Bourgogne et dans l’Est de la France, avec la résistance par mutation de cible Super KDR. Dans ce cas, une seule alternative est aujourd’hui disponible, le phosmet. » La résistance est surtout visible chez les adultes, les larves sont encore sensibles aux pyrèthres.

Ailleurs, il conseille d’être très vigilant et d’alterner l’emploi de pyréthrinoïdes et de phosmet. « Car sur grosses altises, la résistance aux pyréthrinoïdes par mutation KDR est présente dans le Nord, le Centre, l’Ouest et le Sud-Ouest. Il s’agit d’une résistance partielle avec des efficacités variables des pyréthrinoïdes. De même, sur charançons du bourgeon terminal, des résistances aux pyréthrinoïdes de type KDR se sont installées en particulier dans le Centre et le Nord-Est, mais ont aussi été identifiées dans le Sud-Ouest. »

De nouvelles pistes étudiées

Terres inovia a également testé de nouvelles molécules insecticides ainsi qu’une vingtaine de solutions de biocontrôle contre les insectes. L’institut technique étudie aussi une autre piste, celle de positionner dans les parcelles, des plantes pièges plus attractives pour les insectes que le colza, de manière à détourner les altises de la culture. Navette, moutarde brune, radis fourrager, moutarde d’Abyssinie et radis chinois semblent intéressants, mais pas la cameline, ni la moutarde blanche.

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