Indispensables à la surveillance des ravageurs du colza, les cuvettes jaunes sont un outil clé pour anticiper les infestations et optimiser les stratégies de protection des cultures.
Dans la gestion intégrée des ravageurs du colza, la surveillance est primordiale. Parmi les outils disponibles, les cuvettes jaunes jouent un rôle déterminant pour identifier précocement les insectes nuisibles et ajuster les interventions phytosanitaires en conséquence.
Développées en Allemagne dans les années 1950, les cuvettes jaunes sont aujourd’hui un standard de la surveillance entomologique en colza. Leur objectif ? Capturer les ravageurs avant qu’ils n’atteignent des seuils critiques, permettant ainsi une meilleure prise de décision pour la protection des cultures.
L’efficacité du piégeage dépend directement de la hauteur d’installation des cuvettes. Lorsqu’elles sont enterrées, elles capturent efficacement l’altise d’hiver (grosse altise), un insecte sauteur qui se déplace au niveau du sol sans être attiré par la couleur jaune. Ce piégeage permet d’établir sa présence dans la parcelle.
À l’inverse, lorsqu’elles sont placées sur la végétation, elles interceptent les autres coléoptères ravageurs du colza, tels que les altises des crucifères et les charançons, qui sont attirés par la couleur jaune. Pour garantir leur efficacité, il est nécessaire d’ajuster progressivement la hauteur des pièges au fil du développement du colza. Ces dispositifs sont particulièrement utiles pour détecter l’arrivée des insectes dans la parcelle, car une fois installés dans le couvert, ils deviennent plus difficiles à piéger.
L’utilisation des cuvettes jaunes repose sur un suivi rigoureux : elles doivent être relevées au moins une fois par semaine et remplies d’un mélange d’eau et de quelques gouttes de liquide vaisselle inodore, ce dernier empêchant les insectes de flotter en rompant la tension de surface de l’eau. Elles piègent un large éventail d’insectes, bien au-delà des seuls ravageurs du colza. Après récolte des échantillons, il faut les filtrer (avec un tamis type chinois) et les sécher avant identification, pour bien les distinguer. On peut y trouver notamment des auxiliaires, comme certaines espèces de syrphes et de coccinelles, mais aussi des insectes pollinisateurs et d’autres coléoptères non nuisibles. Cette diversité d’espèces capturées est à prendre en compte dans l’interprétation des résultats. Ainsi, bien que les cuvettes jaunes piègent un grand nombre d’insectes divers, leur analyse doit être ciblée sur les espèces réellement problématiques pour adapter la stratégie de lutte.
Les cuvettes jaunes constituent ainsi un outil d’aide à la décision essentiel pour la gestion des ravageurs du colza. En combinant piégeage et observation terrain, les agriculteurs peuvent affiner leur stratégie de lutte et limiter les traitements aux situations réellement nécessaires, dans une approche de protection intégrée et raisonnée des cultures.